Le jour de l'Épiphanie, lorsqu'on s'apprête à manger le gâteau des Rois, un enfant se glisse sous la table. On lui crie alors phoebe Domine, pour qui la part ? Il répond d'abord : pour le bon Dieu , et ensuite pour tel ou tel. On donne la part de Dieu au premier pauvre qui se présente, et s'il y a un membre de la famille absent, on garde soigneusement sa part dans une armoire. S'il se porte bien, le gâteau demeure sain, et s'il meurt, il se gâte tout à fait. Celui qui a la fève est le roi de la fête. Aux Saturnales, les Romains tiraient aussi au sort, avec des fèves, pour se donner un roi dans la solennité du banquet.
Dans l'Orne, on nomme Trefouet la bûche de Noël, on répand dessus de l'eau bénite, elle doit durer les trois jours de la fête, et l'on conserve ce qui reste pour le mettre au feu lorsqu'il tonne. Ce tison préserve à la fois du tonnerre et des sorciers. Le charivari se donne, dans la Normandie, au mariage des veufs, et dans quelques autres circonstances où l'on peut exprimer un blâme publique. On s'y déguise de diverses manières, et surtout sous des figures d'animaux sauvages.
La Taranne est un animal mystérieux, de la forme d'un chien, mais plus grand, très maigre et très sec. Il passe son temps à dévorer les chiens et s'amuse à les faire crier. Il se montre ordinairement dans les nuits d'hiver. Il y a aussi la Piterne, qui n'est connue que de nom ; mais on place de certaines gens en sentinelle pour la saisir. On appelle Letites ou Létiches , de petits animaux d'une blancheur éclatante, qui ne se montrent que la nuit et disparaissent dès qu'on les approche. Ils ne font aucun mal, et selon l'opinion commune, ce sont les âmes des enfants morts sans baptême.
Pendant la célébration de la messe de minuit, tous les animaux se mettent à genoux; mais il serait imprudent d'aller dans les étables pour s'en assurer et l'on s'exposerait à être battu par eux.
U n morceau de pain qui a été bénit à chacune des trois fêtes de Noël préserve de l'orage et des chiens enragés ; mais si l'on donne de ce pain à ceux qui ne le sont pas, ils le deviennent aussitôt. Le pain bénit de Pâques garantit des sorciers. Les sorciers sont très communs en Normandie, et l'on pense qu'ils se trouvent principalement parmi les bergers. C'est surtout aux avents de Noël que leur puissance est le plus redoutable, et cette époque est également celle des esprits et des revenants. Les âmes des personnes qui ont commis de grandes fautes, se montrent alors chaque nuit, aux mêmes heures, jusqu'à ce que, à force de prières et de messes, on les ait délivrées. Ces revenants ont le même son de voix que de leur vivant ; mais on ne peut les toucher. Il y a aussi des esprits qui habitent certaines maisons, y font beaucoup de tapage et déplacent tous les meubles. D'autres, enfin, apparaissent sous des formes hideuses, d'hommes ou d'animaux, pour inspirer encore une plus grande crainte. Les Grecs avaient aussi leurs Mormones, qui prenaient la forme d'animaux féroces pour inspirer la terreur.
Le Gobelin est un génie familier, malicieux, qui se revêt de diverses manières pour faire ses espiègleries ; mais qui est bon diable d'ailleurs, et n'exige pas trop de ceux qu'il lutine.
Les esprits servants ont plus particulièrement la forme d'un nain. Ils aident volontiers les laboureurs dans leurs travaux, et les jeunes filles au temps de la récolte. Dans les ménages, cependant, si les servantes qu'ils protègent viennent à oublier de leur jeter à manger, sous la table et de la main gauche, alors ils ne manquent pas de se venger en mettant tout en désordre.
Des trésors existent dans tous les châteaux en ruines ; mais ils sont la propriété du diable. Ils sont gardés par des chiens noirs qui les font quelquefois découvrir. Lorsqu'un de ces animaux se présente chez un habitant, et qu'on lui a fait faire un bon repas, il invite alors son hôte à le suivre et le conduit à l'endroit où il faut fouiller. Néanmoins, il faut, avant de se mettre à cette besogne, s'y préparer par le jeûne et la prière, et lorsqu'elle est commencée, on ne doit pas, quelle que soit sa durée, l'abandonner un seul instant ; car on perdrait tout le fruit de sa peine.
Il y a aussi des trésors cachés dans les cimetières, sous les grosses pierres, etc. C'est toujours le diable qui en est le gardien, et pour l'emporter sur lui, on ne peut se dispenser de recourir à la sorcellerie. On peut, par exemple, poser un objet sacré sur ce trésor, ou bien jeter dessus de l'eau bénite, ou enfin le faire tirer par un vieux cheval, qui détruit toujours le maléfice ; mais il ne manque pas non plus de périr dans l'année.
Les fées habitent les cavernes, et se plaisent à rendre service, pourvu que l'on se montre discret à leur égard. Elles aiment à se promener sur le cou des chevaux et à danser dans les lieux écartés où l'on trouve Ie matin, la trace du rond qu'elles ont formé. Les Dames blanches se montrent au bord des fontaines et au pied des rochers. La Bête Avette est une fée des fontaines qui aime beaucoup les enfants, et qui les noie pour les garder avec elle.
Il y a des Dragons blancs, rouges ou noirs, qui apparaissent quelquefois dans les airs et enlèvent certaines gens. Cette tradition de Dragons vient sans doute de l'Orient, puisqu'il est parlé de ces animaux fabuleux dans les contes arabes, indiens, chinois et persans.
On croit qu'il y a des femmes qui, par suite de rapports criminels avec les démons, mettent au monde des espèces de monstres qui, dès qu'ils sont nés, se sauvent sous le lit en grimaçant. C'est ainsi, dit-on, que naquit l'enchanteur Merlin. En Allemagne, on nomme ces enfants-là Killerops.
On fait un grimoire qui rend de très grands services à celui qui en est porteur ; mais pour qu'il eût toute sa puissance, il faudrait, ce qui n'arrive pas, qu'il eût été baptisé par un prêtre et nommé comme un enfant. Le prêtre qui ferait la cérémonie, conjurerait alors toutes les puissances infernales d'exécuter ponctuellement tout ce qui leur serait commandé en vertu du livre baptisé et les obligerait d'envoyer un de leurs pour le signer au nom de tous et y apposer le cachet de l'enfer. Celui qui serait muni de ce livre pourrait ensuite commander à toutes les légions d'esprits avec la certitude d'être promptement obéi.
Les cierges bénits ont aussi une merveilleuse puissance pour chasser les démons et les sorciers ; toutefois, on les allume également pour préparer des maléfices.
On a la criminelle superstition de consacrer sept hosties à Noël, ou dans la semaine sainte, pendant sept années consécutives, afin de composer des sorts très puissants. Faire le signe de la croix de la main gauche avant de jouer, porte bonheur. On a aussi des formules qui ont une grande puissance dans le même cas.
D urant la procession des Rameaux, et surtout au moment où le curé met du buis à la croix, on examine de quel côté vient le vent, pour savoir si on aura du blé, de l'herbe ou des pommes. Pour conserver longtemps une grande fraîcheur, il faut se laver avec de l'eau prise à la rivière le jour de Pâques, avant le lever du soleil. L'eau bénite de la Pentecôte est préférable à celle de Pâques pour préserver de l'orage ; mais celle de Pâques vaut mieux pour éloigner les sorciers. On doit faire provision de l'une et de l'autre.
La foudre ne frappe jamais l'épine blanche, parce que la couronne du Christ était faite de cet arbuste. Les fleurs cueillies le jour de la Saint-Jean ne flétrissent jamais. On fait surtout des couronnes avec l'armoise qui préserve de la foudre et des voleurs. Il en est de même de la verveine. Se rouler ce jour-là, le matin, dans la rosée, ou se baigner dans une fontaine, guérit de la gale et de toutes les maladies cutanées.