La plus belle femme du monde

La plus belle femme du monde était assise à ma place préférée, dans le bus ; elle téléphonait avec un livre de Dostoïevski à la main, Crime et châtiment en édition Folio. J'ai vu son visage une demi-seconde, à peine, mais quelle importance ? Les traits personnels ne sont rien. Elle était la fraîcheur à l'âge indéterminable, elle était la voix basse et douce, elle était les cheveux divins, aux mèches qui cerclent l'oreille, la peau belle comme un survêtement en peau de pêche, et, surtout, cet habit gris à capuche qui, une fois rabattue sous la pluie, la faisait ressembler à un moine de Zurbaran... cela suffit. Aussi insignifiante puisses-tu être, puisque tu es l'image de l'acte manqué, je ne t'oublierai pas. Mais, au juste, pourquoi ne m'as-tu même pas regardé - suis-je si indigne de ton mépris, petite salope, - adorable petite salope ?

Tiens tiens....! ça me rappelle quelque chose aç, tu serais pas en manque d'inspi, d'esprit, ou alors n'es-tu qu'un misérable plagieur?

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais

A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main

A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulu rester inconnue
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant

Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin

Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lêvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir

Non, je ne vois pas sur qui j'aurais plagié ?

Bah sur toi, mais cette question n'a plus lieu d'être puisque tu es bien toi.

Aaaaah. Je me disais, mais quel être si original et si profond aurait pu me devancer ?
La répétition est inconsciente, j'avais complètement oublié ce dont tu parles. Mais la dernière fois, c'était moi qui lisais... Bref, chaque fille manquée est une nouvelle source de masturbation déçue.

Personne n'aurait pu te devancer, c'est pour ça que je parlais de plagieur. J'avais tout prévu ma choute

Tu es décidément trop fort. C'est toi, la fille de mes rêves

Ces trois smileys me bouleversent...

C'est ainsi que je me représente mon bien-aimé avant de mouiller ma culotte rêveuse. Tu es beau comme un soleil furieux. Sois mon amant.

C'est beau (bis).

Je serai ta lune au rendez-vous des marées et des vents solaires.

Doucement, jeune fille. Vous allez bouleverser mon nycthémère.

C'est-à-dire?

son équilibre interne